Part d’ombres

Part d’ombres p68

Son petit-fils, qui a les yeux noirs fendus en amande, les pommettes hautes et la gaîté de sa grand-mère, ne semble pas porter sur lui les parts d’ombre enkystées dans l’enfance de celle-ci. Moi non plus, je ne sens pas sur moi, en moi, les traces des éclairs de machettes, des chocs sourds des haches. Mais j’en ai senti le vent, tout près, sans en avoir jamais parlé, cela ne se fait pas, avec ceux qui ont pu subir ou infliger, dans des vacarmes de terreur, ces blessures par où s’enfuit en bouillonnant le sang de la vie. Est-ce pour cela que je suis moins gourmand que lui de découvrir le monde ? Que rêver devant les grandes étendues d’eau, mouvantes des reflets du soleil aux différentes heures, que rêver ainsi me suffit ? Lui, son petit-fils, se remplit du monde, je voudrais me vider du peu que je connais, pour donner toute la place à ce qui me vient d’elle. Pourtant tout ce que je vois ici m’intéresse. Tout ce que je vois ici me semble bon.

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Château d’Oléron, prochain salon, CITA’LIVRES

Poster-Oléron dédicace Fait noir

Poster-Oléron Marie Nau dédicace Fait noir

 

Je vous attends nombreux pour ce beau week end en bord de mer, à Château d’Oléron ? Et si vous voulez vous inscrire pour un atelier d’écriture, guettez le bon moment sur le site de ce salon en citadelle, CITA’LIVRES, en pointe de l’île.

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Prochain salon : Oléron, CITA’LIVRES

L’Escale du livre, à Bordeaux : de très bons moments (avec beaucoup de fatigue s’accumulant, c’est vrai, en trois salons, trois week end de suite…), temps chaud, soleil sur les marches du conservatoire, jeunes élèves qui passent avec leurs instruments, quatre qui nous offrent un peu de Purcell, instants magiques, et si belles rencontres avec des amis de toutes mes vies, passées et actuelles, et de nouvelles lectrices, nouveaux lecteurs, ou simples visiteurs aux regards riches, aux sourires lumineux, un beau salon, pour moi, pour mon compagnonnage avec ceux de La Cheminante, dont Adamou Idé en résidence pour quelques jours encore.

Dois-je ajouter que ne m’a pas été épargné, pas plus qu’à Adamou Idé ni aux malheureux serveurs, le spectacle désolant, contre les tables du buffet, d’agglomérats de ventres, yeux, mains, de tous ces rapaces humains, grossiers et mal élevés, se goinfrant sans vergogne et sans laisser place à ceux qui se refusent à jouer des coudes pour se mêler à cette sinistre comédie ? On leur pardonnerait volontiers leur goujaterie si l’on les savait pauvres, rejetés, affamés, ce que bien sûr ils ne sont pas. C’est une pièce de théâtre en soi, intéressante mais peu réjouissante.

Le prochain salonCITA’LIVRES, c’est à la fin du mois, à Château d’Oléron, en Charente maritime, 17, dans la citadelle qui porte la patte de Vauban, comme celle de Blaye, si belle avec ses massives murailles, ses échauguettes en guetteurs fidèles, ses douves, ses glacis, son ouverture sur les lumières mouvantes de l’estuaire, sur les vents ondulant fleuve et nuages…

Le flyer papillon attend ses modifications et se pose très vite.

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Bons souvenirs p65

Bons souvenirs p65

…/ je peux chercher de meilleurs souvenirs, je vais sûrement en trouver, ce ne sont pas ceux qui me viennent tout seuls, mais il y en a. Je fais un effort. En voilà, par exemple, je parle des musiques de fêtes, des tambours, dont je profitais à l’écart, pendant des heures sans y être invité, des poules qui traînaient parfois à notre portée et que nous allions faire cuire, loin, sur un feu de fortune, partageant ensuite à deux ou trois notre butin-festin. Je parle de nos jeux d’enfants sans parents, libres de courir et de hurler sans réprimandes, je parle de la vieille barque, de mes lectures à l’ombre de ses flancs crevés, je parle des arbres de là-bas, de la terre rouge affleurant les collines, du vent le soir, du sable…

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« Ce qui me revenait » p64

« Ce qui me revenait » p64

Ce qui me revenait n’avait rien de vraiment paisible. Dans les pays comme celui d’où j’étais venu, là-bas, on tue parfois dans des poussées de folie et de jubilation, à la machette ou à la hache, tous ceux, de tous bords, qui n’ont pas trouvé de cachette suffisante. Les porteurs d’armes ont appris qu’il faut éviter à tout prix de rencontrer le regard de leurs victimes, celui des vieillards ou des femmes qui savent qu’ils n’en réchapperont pas, mais aussi celui des bébés qui ont juste peur des cris et ne comprennent pas. S’ils croisent ces regards ils ne pourront plus tuer, ils ne pourront plus croire à ce qu’on leur a dit et qu’ils veulent croire, que ceux qu’ils sont venus tuer n’ont pas leur place comme humains dans ces lieux. Ils tuent, et ils continuent à vivre.

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Bordeaux, prochain salon

De la Garonne à l'océan...

De la Garonne à l'océan...

Prochain salon : L’Escale du livre à Bordeaux. S’il pleut un peu, viendrez-vous vous abriter parmi les pages qui portent les rêves ? S’il fait beau, vous accorderez-vous cette plage littéraire qui vous évitera les premiers coups de soleil ?

 

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Salon Thénac, 17, « L’Ecriture prend le large »

Le mois de mars est dense, pour moi comme pour tous ceux qui arpentent les salons, visiteurs, auteurs, éditeurs, libraires et autres. Je serai donc à Thénac, en Charente maritime, 17, samedi et dimanche 24 et 25 mars, à Saintes au lycée Bernard Palissy, vendredi 23. Mon poster-papillon arrive tard, mais comme il change juste de quelques lignes…

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Têtes de nègre, commissariat

Têtes de nègres p45

Nous voici de retour, avec notre pain, nos tomates, un peu de fromage et, luxe auquel elle a tenu, deux têtes de nègre. Elle voulait m’y faire goûter. Elle trouve bon, mais en plus, ça l’amuse. Elle dit que si on grignote tout le chocolat qui entoure la meringue, il reste des têtes de blancs. Dans sa chambre exiguë, ignorés de tous, devant nos pâtisseries, nous sommes à la fois les gentils nègres des vieilles boîtes de Banania qui valent très cher aux puces et les méchants cannibales des histoires racontées aux petits enfants blancs. C’est drôle. Nous mordons en riant dans ces cervelles neigeuses, dans cette mousse cuite, friable et sucrée.

Commissariat p49-50 et suite p50-51

La voix mordante, basse, haineuse, il jette les mots, avec rage, comme si eux aussi devaient me faire mal. « A force de prendre des baffes, tu vas la retrouver ta sale mémoire ? Tous pareils, pas d’âge, pas de nom, pas de parents, savent pas depuis quand ils sont là, tu me prends pour un con ? Tiens, avec celle-là, tu te rappelles, non ? Les bleus, ça ne marque pas sur le noir, je peux y aller, tu sais ! La couleur, ça me connaît, c’est mon côté artiste ! Et comme ça ? Oh, la, la, en plus, même pas capable d’être un boxeur, regardez-moi ça ! Une vraie femmelette, ce singe, une petite claque sur le nez, et ça saigne comme un porc, tiens, tu me dégoûtes… »

Il me dégoûte aussi. Il ne peut pas savoir. Non, je ne le prends pas pour un idiot, mais pour une brute, une brute épaisse, avec ses cheveux si courts, presque blancs d’être blonds, et ses yeux transparents d’être clairs, une brute à peau rose, un blanc propre, pur, lavé à la lessive « Bellerace », une brute comme jamais les grands ne l’ont été avec moi, là-bas. Il me rend méchant dans la tête, à me faire mal en cognant comme ça, partout, et je ne peux rien faire, avec mes mains attachées derrière. Mais je ne peux pas répondre. Ni dire pour qui je le prends, ni donner un nom de famille que je n’ai pas et tout le reste… Il est trop borné pour imaginer que c’est possible, une chose pareille, ne pas avoir de famille, ça existe, et donc ne pas avoir de nom de famille, être sans nom ni âge. Heureusement que je ne suis pas né dans la sienne, de famille. Je préfère encore ne pas en avoir. Qu’est-ce qui peut bien lui manquer, à lui, pour avoir envie de battre des gens, comme ça ? Est-ce qu’il va en arrêter exprès, les soirs où il sent que ça lui vient, cette envie ? Il va se fatiguer, j’espère, de me taper dessus ? Ça commence à être dur à supporter. Je ne dois pas être beau à voir, comme le pauvre garçon des infos avec sa tête cognée sur le muret, et je sens ce goût dans la bouche de quand ça saigne, je m’entends crier non, comme si ça pouvait servir…

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Salon de Paris, mi-mars, départ jeudi

Océan et Garonne, la Seine n'est pas loin

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Lire par petits morceaux, ou tout d’une traite ?

D’autres extraits vont suivre, toujours de Fait noir, pour lire le tout :

Un lien toujours valable, vers La Cheminante chez qui est édité mon roman Fait noir :

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