Grave nouvelle, il ne se passe rien

Grave nouvelle, il ne se passe rien.

Rien. Ce pendant que son cœur attend. Rien. Son cœur bat. Bat. Bat. Attend. Il ne se passe rien. C’est douloureux un cœur qui bat, qui bat d’attendre.

Parfois le ciel est bleu, rien, parfois gris, la pluie tombe, il ne se passe rien. Bat, ce cœur, rien, et d’attendre, il a mal. D’avoir mal, passe, passe le temps, rien ne se passe, passe le temps, vieillit le cœur, rien, rien, attend, vieillit le cœur, encore.

Parfois gai, parfois triste, le soleil apparaît, disparaît, rien. Le cœur bat. Et tournent les visages, bougent les mains, se croisent des regards, des jambes, des chemins. Rien.  Il ne se passe rien.
Le cœur bat, rien, pas de caresse sur une joue, sur une épaule, auprès du cœur, rien, le cœur vieillit. S’enchaînent les saisons, rien, roux l’automne, et doux l’hiver, ou rigoureux, rien, printemps pluvieux, été caniculaire, ou pas d’été, plus de saison, pas comme avant, rien, les ans défilent, les ans s’empilent par-dessus les saisons, rien, le cœur vieillit, il bat, il ne se passe rien, rien ça fait mal

Dans le panier, les courses, et puis dans le placard, et puis dans l’estomac, et puis ça recommence. Rien, et bat le cœur, vieillit le cœur.  D’attendre, et rien. Encore ménage, encore, voyages, encore vacances, occupations professionnelles, occupations professionnelles, et sorties culturelles, sorties, culturelles, avec, parmi, auprès, encore, rien.

Il ne se passe rien. Les oiseaux couvent, piquent les fruits, picorent les grains, s’emparent d’insectes, de petits mammifères, de poissons, prédateurs craints ou recherchés, rien, les oiseaux vivent, les oiseaux meurent. Il ne se passe rien. Les grands vols migrateurs vont au-dessus des têtes, dans un sens, dans l’autre, loin, ici, loin, près des nuages, avec les vents, et vont les vents, vont dans un sens, et vont dans l’autre, encore, et encore, rien, il ne se passe rien, le cœur bat et vieillit, le cœur vieillit et bat.

Rien. Les souris dansent et ronronnent les chats. Murmure et fuit l’eau de la source. Rien. Musiques, paroles, rumeurs, bruits, discours, cinémas, rien, bat le cœur, le cœur bat, enfle le ventre et se dégonfle, souffre et soupire. Rien, rien pour que palpite la gorge, pour que la peau frémisse, rien, pas de chaud sur le ventre, pas de sourire au cœur, le cœur bat. Tremble la terre, ici et là, se tuent les hommes, ou disparaissent, emportés par les vagues, les virus ou le feu, minés par les poisons, déchiquetés, bombes ou machines, ensevelis, brûlés, oubliés, rien.

Se tuent les hommes ou se laissent tuer, passe le temps, le temps, aboient les chiens, passent les caravanes, passent, il ne se passe rien, le cœur bat, rien.

Vieillit le cœur. Coulent l’alcool, les larmes et les fleuves, avancent et reculent les langues de la mer, lèchent les sables. Murmurent et grondent les marées. Rien. Pas de baisers au creux du bras, pas de baisers dans le cou, de mots doux à l’oreille, rien, le cœur vieillit.

Le cœur bat. Rien. Fument et crachent les volcans. S’agitent les tempêtes, et les ouragans courent. Dévastent les tornades. Eclatent les orages, ronflent les incendies. Rien. Roulent les avalanches, neige, boue, s’ouvrent les failles, les océans rugissent, et s’engloutissent les paquebots, se brisent les montagnes, les verres, les immeubles, les cœurs, le cœur, rien, la voix, rien.

Le cœur, alors, alors, le cœur, rien, il ne se passe rien. Alors explose le cœur vieilli, hurle la bouche et les poumons éclatent, là, tout près du cœur, du cœur qui bat, qui bat encore, qui bat, bat, pas de main sur la main, hurle la bouche, pas d’oreille attentive, peur de la mort, peur, froid, froid dans les pieds, peur, froid dans le ventre, rien, froid dans le ventre et dans le dos, peur, rien, pas de main sur la main, pas de main sur le front, pas d’humain près du cœur, le cœur bat, bat, bat encore, bat, cœur se brise, voix se brise, souffle éteint, rien, il ne se passe rien, il a cessé de battre, cœur, il a cessé d’attendre, rien. Il ne se passe rien. Les oiseaux vivent, les oiseaux meurent, les grands vols migrateurs vont au-dessus des têtes, et vont les vents, encore, encore, le cœur est mort, la pluie emporte les images.

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